lundi 2 novembre 2009

Michael Haneke : Funny movies !





Artistes : Avec 126.280 entrées sur133 écrans, Le Ruban blanc s’est octroyé la semaine du 26 octobre la meilleure moyenne par écran – soit le ratio le plus élevé de la semaine… Qui l’eût cru ? Haneke, roi du box office ! Eh bien, ça fait plaisir. Occasion de revenir sur la carrière d’un cinéaste exigeant, implacable dénonciateur de la violence dans toutes ses formes. Quitte à brutaliser nos consciences. Et qui appartient depuis cette année au club des palmés d’or cannois. Et dont la carrière a très souvent arpenté les chemins du Festival de Cannes.

- Le septième continent (1988) : je me souviens avoir découvert totalement par hasard ce film au Reflet Médicis en 1993…Un choc, plus fort, plus violent encore que Funny games. Métaphore de la déliquescence des sociétés occidentales, à travers l’organisation par une famille de son propre suicide…L’horreur ordinaire. Terrifiant. On n’avait jamais vu aussi noir. Section parallèle à Cannes en 1989.


- Benny’s video (1993) : un ado fasciné par les images assassine sa petite amie avec un pistolet destiné à tuer les cochons. Son film le plus controversé. Section parallèle à Cannes en 1992.


- 71 fragments d’une chronologie du hasard (1994) : hasard et coïncidences – Lelouch passé à la moulinette de Haneke… On est loin, TRES loin des Uns et des autres ou de Viva la vie. Implacable radiographie de l’indifférence et de l’isolement qui caractérisent la société autrichienne, et, partant, nos sociétés occidentales. Section parallèle à Cannes en 1994.


- Funny games (1997) : Ah, ce fameux clin d’œil à l’adresse du spectateur… Polémique en compétition à Cannes (Wenders, furieux, sort avant la fin de la projo), interdiction aux moins de 16 ans. Peut-être l’oeuvre la plus dérangeante du cinéma pour le spectateur. Une expérience limite. Qui n’a qu’un but : nous faire partager l’expérience de la violence, à travers un dispositif claustrophobe sans issue.


- Code inconnu (2000) : le film de l’apaisement. Pour la 1ère fois, Haneke tourne à l’étranger, en France, avec une star, Juliette Binoche. Echec commercial total, injuste. Car le regard que porte le réalisateur autrichien sur la France et son rapport aux étrangers est bien plus aigu que celui de ses homologues français. Il aura l’occasion de se rattraper quelques années plus tard… Sélection officielle Cannes 2000.


- La pianiste (2002) : carton plein sur toute la ligne : 3 Prix à Cannes, énorme succès critique et commercial. La haine de soi et la glaciation des sentiments chauffées à blanc, via le portrait d’une pianiste névrosée. Huppert à son sommet.


- Le temps du loup (2003) : syndrome du grand film malade : Haneke sans filets : grand sujet – comment survivre à l’apocalypse, scénario original, distribution VIP (Huppert, Dalle, Chéreau, Gourmet). Résultat : bide critique et commercial. A juste titre : on n’y comprend rien, effectivement. Hors compet Cannes 2003.


- Caché (2005) : le film qui rachète Code inconnu. Auscultation des névroses françaises : le poids de la télévision, la transmission de la culpabilité entre générations, la boîte noire nationale que constitue la guerre d’Algérie. Pour comprendre la France contemporaine, il n’y a pas mieux ! Réalisation au diapason : insidieuse, percutante et tranchante. Prix de la mise en scène Cannes 2005.


- Funny games (2008) : nouvelle expérience : Haneke auto-remake aux Etats-Unis son film scandale. Belle disrtib – Naomi Watts, Tim Roth, Michael Pitt - pour un projet aux confins de l’expérimental et du récréatif. Echec artistique et commercial.


- Le ruban blanc (2009) : le film de la consécration. Palme d’or à Cannes, incontestable. Un film-somme qui constitue la matrice de toute son œuvre. Tournée en 35 mm, transféré en numérique, le film bénéficie d’un superbe grain de noir et blanc. Flashback sur une année dans la vie d’un village, à la veille de 1ère Guerre mondiale. S’y déroulent de mystérieux événements, narrés en voix off. Tous les thèmes de Haneke s’y trouvent magnifiés, dans une oeuvre qui se situe – pour faire court - au confluent de Losey et Bergman. Palme d’Or amplement méritée.


A venir : un Funny Games pour les seniors dans un hospice pour vieux, avec Huppert et Trintignant. Ca promet… !
Travis Bickle

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