jeudi 25 février 2010

Pietro Germi, cinéaste américain… à l’italienne !


Artistes : Dans la famille « Réalisateurs de comédies italiennes », on connaît sur le bout des doigts son Dino Risi, son Ettore Scola, son Mario Monicelli ou son Luigi Comencini. Pas sûr qu’on connaisse aussi bien son Pietro Germi ! 1000 grazie, ancora, a Carlotta ! Merci à eux de poursuivre ce laborieux mais nécessaire travail d’exploration cinématographique qui permet de sortir de l’oubli films et cinéastes délaissés par les éditeurs traditionnels.

Une œuvre variée et brutalement interrompue

Sortent ainsi ces jours-ci 3 DVD qui rendent compte de la variété de l’œuvre brutalement interrompue en 1974 de ce cinéaste italien méconnu, mais important. A qui l’on doit trois chefs-d’œuvre de la comédie italienne : Divorce à l’italienne (1961), Ces messieurs dames (1966) et Mes chers amis (1975), achevé par Mario Monicelli et distribué à titre posthume.

Les trois films édités par Carlotta reflètent la polyvalence et le talent d’un cinéaste qui n’était pas d’accord pour se caractériser comme « cinéaste typiquement italien », mais davantage comme réalisateur de films qu’on « pourrait très bien imaginer réalisés en Amérique, en Russie ou en Angleterre » (lire le dossier passionnant consacré au cinéaste par Positif, n°406).


Néo-réalisme et polar

Il ferroviere (1955) appartient à la veine néo-réaliste du cinéaste. Film dans lequel domine sa volonté de témoigner de la réalité sociale de l’Italie d’après-guerre, au moment même où le néo-réalisme déclinait. D’où son relatif oubli. A redécouvrir, ne serait-ce que pour la prestation de Pietro Germi (péroxydé !) lui-même dans le rôle principal dans une œuvre qui semble avoir été écrite par Emile Zola.

Œuvre charnière, Meurtre à l’italienne (1958) témoigne de son tournant progressif vers la comédie satirique. L’intrigue policière – un vol de bijoux dans un immeuble bourgeois de Rome – est prétexte à un tableau haut en couleurs d’une galerie de personnages à double facette. Un univers qui rappelle celui de Clouzot (Quai des Orfèvres, Le Corbeau), par sa noirceur et son ambiguité. Et puis, aux côtés de Pietro Germi dans rôle principal de l’inspecteur, découvrir Claudia Cardinale dans un de ses tout premiers rôles...

Enfin, le fleuron de Pietro Germi : Ces messieurs dames (1966), un chef-d’œuvre de la comédie italienne, à redécouvrir dare-dare. Titulaire d’une Palme d’Or (attribuée ex aequo - ironiquement ?! - avec Un homme et une femme), cette comédie de moeurs épingle les travers et les hypocrisies de la bourgeoisie vénitienne, via trois intrigues distinctes qui s’entrecroisent spatialement sur la place municipale. Un modèle de récit. Moraliste, mais jamais moralisateur, Pietro Germi s’y fait misanthrope, sûrement, misogyne, probablement. Indispensable dans la DVDthèque de tout amoureux de la comédie italienne ! En bonus : portrait du cinéaste très documenté, avec, entre autres, les témoignages de Claudia Cardinale et Virna Lisi.

Travis Bickle

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