mardi 15 novembre 2011

Les Chaussons Rouges : entrez dans la danse !


En DVD et Blu-ray : "Vision jamais égalée" pour Martin Scorsese, "Seul film à voir avant de mourir" pour Francis Coppola, l’un des trois films préférés de Brian De Palma, pas de doute : Les Chaussons Rouges, c’est ZE must have de toutes les DVDthèques dignes de ce nom. A juste titre !

Oubliez vos appréhensions !

Je dois avouer avoir longtemps reculé devant cette perspective. Film de danse, un poil naphtaliné, tels étaient les clichés que j’avais en tête. Franchement, je regrette d’avoir tant tardé. Car c’est tout simplement un chef-d’œuvre, pas moins. Oubliez toutes vos allergies à la danse classique, au cinéma anglais de l’après-guerre, ou aux "vieux" films ! Et vous comprendrez en quoi Coppola, Scorsese, De Palma, quelques-uns de nos cinéastes cultes à Cineblogywood, se pâment avec autant d’ardeur devant cette oeuvre, unique en son genre, qu’on ne cesse de redécouvrir, vision après vision, restauration après restauration.

Après l’Institut Lumière, c’est au tour de Carlotta de s’attaquer à ce tonneau des Danaïdes : redonner tout leur éclat aux rouges et blancs des Chaussons rouges, tels des alchimistes s’évertuant à transformer le plomb en or. Que ce soit en DVD ou en Blu-Ray – et mieux, en salles, lors de sa réédition au printemps 2010 – cette version Carlotta confine au sublime.

Un film dans le film

Au-delà de son brio technique et de son extravagance visuelle, Les Chaussons rouges constituent un spectacle grandiose. Culminant avec une séquence étourdissante de 17 minutes de ballet, qui scinde en deux une narration désormais classique, partagée entre ascension et chute. Cette séquence apparaît également comme le résumé concentré de tout leur art : mise en scène, musique, chorégraphie, lumière, décors, intensité de l’action, montage – un véritable petit film dans le film, comme l’est dans un tout autre genre la séquence du songe de Parle avec elle de Pedro Almodovar.

Bref, pour découvrir l’oeuvre des duettistes anglais Michael Powell et Emeric Pressburger, ardemment réhabilités par les cinéastes du Nouvel Hollywood, et par Bertrand Tavernier dans nos contrées, commencez par ces Chaussons rouges : aussi inventifs que les frères Coen, aussi oniriques que les frères Lumière, aussi prospectifs que les frères Wachowski, ils sont à l’origine d’une œuvre singulière, florissante, et passionnante. Qui atteint son apogée avec ces Chaussons rouges.

Culte pour le Nouvel Hollywood

Et on voit en quoi des œuvres aussi diverses que Phantom of the paradise pour sa relecture du mythe de Faust, Les Affranchis pour le brio de la narration et du montage – la monteuse de Scorsese Thelma Schoonmaker n’est autre que la compagne de Michael Powell ! – ou One from the Heart pour la symbiose qu’il opère entre l’illusion des apparences et la vanité de l’existence sont redevables à ces Chaussons rouges.

Et vous savez quoi ? Finalement, je ne regrette absolument pas d’avoir tant tardé pour découvrir ce joyau. Jamais la technique n’aurait été à la hauteur pour restituer les éclats de lumière, la finesse des éclairages qui émaillent ce bijou du 7e art, aussi chatoyant et vénéneux que certaines plantes carnivores.

Travis Bickle

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