lundi 19 décembre 2011

Cadeaux de Noël : Spielberg, Scorsese, Coppola et Disney

Buzz : Il est encore temps d'aller acheter des cadeaux de Noël sympas qui combleront les cinéphiles. Petite sélection de quatre livres qui méritent une place dans votre bibliothèque.


Clément Safra : Dictionnaire Spielberg, éditions Vendémiaire, 25 euros.
L'oeuvre de Steven Spielberg décortiquée de A à Z. Avec des entrées attendues car évidentes (Enfant, Soleil, Voir...) et d'autres plus originales (Argent, Nom...). A ces approches thématiques, s'ajoutent les noms des proches du cinéaste (John Williams, George Lucas, Tom Hanks...) et les titres de ses films, également analysés. Le résultat est brillant. Safra démontre qu'il y a bien une cohérence visuelle et thématique de la filmographie de Spielberg. Mieux, il fait redécouvrir des séquences, voire des films que l'on pensait connaître par coeur. Ce dico est indispensable pour les fans de Spielberg et il offre une belle occasion aux autres (curieux ou dubitatifs) de (re)découvrir un génie du cinéma.




Eleanor Coppola : Apocalypse Now Journal, éditions Sonatine, 18 euros
On le sait, le tournage d'Apocalypse Now fut... apocalyptique. Le documentaire Au Coeur des Ténèbres, co-réalisé par Eleanor Coppola (alors épouse de Francis), l'a brillamment montré. Eleanor a aussi publié un carnet de tournage, resté bizarrement inédit de ce côté-ci de l'Atlantique. Les excellentes éditions Sonatine ont corrigé cette anomalie. Chaque journée (ou presque) de ces trois ans et plus d'aventure cinématographique donnent lieu à des commentaires de la part de Mrs Coppola. 
Les décors monumentaux, les trajets en hélico, l'infarctus de Martin Sheen, les soirées arrosées autour de plats de pâtes, les facéties de Sofia (âgée de quatre ans), les doutes de Francis, les engueulades du couple... tout y passe. On est un peu frustré parfois de ne pas en apprendre plus sur le tournage en tant que tel : Eleanor n'est pas toujours présente et lorsqu'elle se trouve sur le plateau, elle n'est pas forcément au coeur de l'action. Qu'importe. Son témoignage est précieux : il permet au lecteur de prendre part à la naissance d'un chef-d'oeuvre, à sa gestation douloureuse mais aussi à l'explosion d'une famille puisque Francis et Eleanor se sépareront peu de temps après la sortie du film. Apocalyptique, on vous dit.


James B. Stewart : Le Royaume Enchanté, éditions Sonatine, 23,50 euros
En 1984, l'empire de Walt Disney menace de s'écrouler. Parcs d'attraction et films ne trouvent plus leur public. La magie a quitté le "royaume enchanté" d'Oncle Walt. C'est alors que le conseil d'administration décide de nommer à la tête du groupe Michael Eisner, lequel s'est bâti une réputation de wonder boy lors de son passage à la Paramount - sous sa direction, le studio a connu une série de gros succès au box-office, avec Le Flic de Beverly Hills, Top Gun, Flashdance, Les Aventuriers de l'Arche Perdue... Avec Jeffrey Katzenberg, le nouveau boss de Mickey relance la machine à rêves, d'abord avec beaucoup de réussite. Le département Animation retrouve son éclat grâce à une série de longs-métrages plébiscités : La Petite Sirène, La Belle et la Bête et surtout, Le Roi Lion. Eisner se mêle de tout, persuadé de son talent artistique. Il repense les parcs d'attraction (et la juteuse gestion des hôtels), investit dans la télévision (ABC, ESPN...) et ça marche. Le voici le patron le mieux payé des Etats-Unis. 
Mais Katzenberg vit mal de rester dans l'ombre du grand patron, persuadé de ne pas être reconnu à sa juste valeur (Le Roi Lion, c'est lui). Il finira par quitter Disney au terme d'un coûteux procès pour la boîte de Picsou. Eisner deviendra alors tout-puissant, arrogant, manipulateur, parano. Sa golden touch disparaît peu à peu : fiasco d'EuroDisney, aberrations télévisuelles (ABC refuse Survivor et Les Experts !), box-office décevant... Commence  une guerre au sein du conseil d'administration entre les pros et anti-Eisner, avec trahisons et coups bas. James B. Stewart a eu la chance de vivre ces années décisives de l'intérieur, avec l'autorisation d'Eisner lui-même. Son travail rigoureux rend cette vaste enquête passionnante. Pas de cul, ni de drogue... juste des faits et la description minutieuse du fonctionnement (et des dysfonctionnements) d'un studio et de ses dirigeants. Le livre se dévore d'une traite.


Richard Schickel : Conversations avec Martin Scorsese, éditions Sonatine, 30 euros
Encore Sonatine, oui. Pas de ma faute si cette maison d'éditions propose des ouvrages incontournables sur le cinéma. Et celui-ci retranscrit un long entretien entre Scorsese et le journaliste Richard Schickel. Quel bonheur de lire ces deux-là débattre, s'étonner l'un l'autre, se contredire, se compléter... Un dialgue fécond, sans langue de bois, au cours duquel Marty évoque aussi bien sa vie que son oeuvre. Le cinéaste lève le rideau sur sa méthode ; l'homme nous fait entrer dans son intimité. On tourne les pages avec l'envie de revoir toute la filmo de Scorsese.

Anderton

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