mardi 20 mai 2014

X-Men Days of Future Past : Bryan Singer is back !


En salles : Que Diable allais-je faire dans cette galère ! Car avouons-le : n'étant en rien dans la cible visée par les équipes marketing de la Fox, je me suis demandé pourquoi, de mon plein gré, j'avais accepté de voir, onze ans après le premier épisode de la saga, le dernier opus X-Men : Days of Future Past. Pur moment destiné à combler le vide de mon existence ? Souci ethnologique, voire anthropologique ? En fait, rien de tout cela : il s'agissait d'abord et avant tout de prendre des nouvelles d'un cinéaste qui avait débuté en fanfare au mitan des années 90, avant de s'égarer, se perdre, tout en bénéficiant d'un véritable culte : Bryan Singer.



Bryan Singer rebooté

Car oui, Bryan Singer, c'est le réalisateur du polar le plus tordu, le plus maléfique, le plus labyrinthique des années 90, celui qui sans le savoir célèbre les noces de Borges avec celles du polar le plus sombre, Usual suspects. Maintes fois disséqué ça et là, il reste vingt ans après sa sortie un modèle unique en son genre. Autant dire qu'on était en droit d'attendre de la part de Bryan Singer une carrière majestueuse. 

Et bien ? Eh bien, cruelle déception : de blockbusters mal rebootés – Superman returns – en récit initiatique nauséeux – Un élève doué – en passant par des adaptations ratées – Jack et le haricot magique – ou tentatives ratées de sauver le soldat Cruise – Walkyrie – c'est une lente descente aux enfers qui s'amorce. Ponctuée par les succès au BO de X-Men 1 et 2, blockbusters sans grande personnalité visuelle, surtout comparés à leurs comics contemporains signés Nolan ou Sam Raimi.

Passionné par l'uchronie et les les seventies ?

Mais il ne faut jamais désespérer... Comme moi, vous n'avez jamais accroché aux X-Men signés Singer, et leurs sequels-prequels-reboots autour de la figure de Wolverine ? Comme moi, vous pensez qu'un cinéaste qui a commis un film de la trempe de Usual suspects n'est jamais perdu pour le cinéma ? Comme moi, vous adorez les jeux sur les allers-retours entre passé, présent et futur ? Comme moi, vous êtes un adepte des délices de l'uchronie, surtout quand elle s'attaque à l'histoire la plus récente – en l'occurrence les seventies ? Comme moi, vous vous passionnez pour les questions existentielles traitées visuellement, et pas seulement par d'interminables dialogues ? Bref, ce que vous aimez, c'est du Resnais dans un blockbuster ?

Melting pop

Eh bien, courez voir ce X-Men, un véritable feu d'artifices visuel, narratif et cinématographique. S'il lui manque la touche d'émotion qui faisait basculer Cloud Atlas du côté des chefs-d'oeuvre contemporains, ou Matrix du côté de la philosophie pop, il n'en est pas loin. Surtout, que vous ayez suivi ou pas les précédents épisodes, vous plongerez de plain pied dans un univers qui convoque aussi bien l'assassinat de Kennedy, le traité de Paris de 1973 qui mit un terme au conflit vietnamien, Richard Nixon, Terminator, les films de complot à la Pakula, les citations à De Palma ou Nolan, les hommages aux Watchmen pour un melting pop complètement maîtrisé. Le tout truffé de purs moments de bravoure, notamment une étonnante scène d'évasion bluffante, menée par un X-Man secondaire, mais mémorable, QuickSilver.

Pour attendre sereinement l'Apocalypse

Car Bryan Singer reboote et rebooste sa saga au-delà de toute attente. L'un des traits de génie du cinéaste est d'avoir obtenu la confiance renouvelée d'acteurs, des vrais, aussi charismatiques que Michael Fassbender – Magneto jeune – James McAvoy – Charles Xavier – et Hugh Jackman – désormais abonné au rôle de Wolverine. Sans oublier les oscarisées Jennifer Lawrence – Mystique – et Halle Berry – Tornade. 

Enfin, le soin apporté à la reconstitution des 70's, à l'univers sombre qui baigne le futur, terrain du combat sans merci entre les humains et les mutants, achève de convaincre le néophyte que je suis d'être en face d'un excellent blockbuster et d'un très grand film de SF pop, jouissif, film-monde qui n'hésite pas à embrasser les thèmes qui ont fait la réputation de la BD – racisme, tolérance, marginalité. Ce qui permet d'attendre sereinement l'Apocalypse, et les prochains Bryan Singer...

Travis Bickle


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