vendredi 19 septembre 2014

La Souris qui rugissait et qui accouchait du Docteur Folamour


En DVD : Hollande et Valls ont tout faux : il ne faut pas baisser les impôts pour sortir de la crise. Il faut déclarer la guerre aux Etats-Unis ! C'est en tout cas ce que décide de faire le duché de Fenwick, un tout petit territoire perdu dans les Alpes, qui vit encore à l'heure médiévale et se trouve confronté à une chute de ses exportation de vin, sa seule ressource économique. Voilà le pitch de La Souris qui rugissait (The Mouse that Roared, 1959), avec Peter Sellers, que Wild Side édite en vidéo dans une version restaurée.


Etrange film que j'avais vu il y a fort longtemps à une époque où la télé n'avait que trois chaînes (et, oui). Je l'avais complètement zappé de ma mémoire et, paf, le générique de la Columbia perturbé par une souris m'a fait le même effet que la Madeleine pour ce cher Marcel. La Souris qui rugissait est une grosse farce, à mi-chemin entre les Monty Python et benny Hill, dans laquelle Peter Sellers interprète trois rôles : la Grande Duchesse, le premier ministre et le "chef" de l'armée de Fenwick. Face à lui : Jean Seberg, qui ne vend pas le Herald Tribune mais incarne la fille de l'inventeur d'une bombe encore plus puissante que la bombe H. Et là, normalement, vous devez déjà en être à votre deuxième "What the fuck". Au moins.

Foutraque !

Et c'est vrai que c'est une oeuvre foutraque, tournée avec peu de moyens, au coeur de l'hiver anglais - les visages rougeauds des acteurs et la buée qui sort de leurs bouches en attestent. N'espérez donc pas vous extasiez sur la photo (malgré la belle restauration des images). Quant aux décors, ils rappellent ceux d'une pièce de théâtre filmée par l'ORTF. Peter Sellers surnage mais semble encore trop bridé dans son délire. Globalement, c'est ce que je reproche au film : il y a beaucoup de bonnes idées mais l'humour a un peu vieilli à mon goût.

Ce n'est pas l'avis de Jean-Baptiste Thoret qui, dans un bonus passionnant, explique que cette Souris a accouché du Docteur Folamour (1964), une autre satire sur la guerre froide avec un Peter Sellers démultiplié. Le critique nous apprend par ailleurs que Jack Arnold a apporté tout son savoir-faire de réalisateur de B movies apocalyptiques ou horrorifiques (Le météore de la nuit, Tarantula!, La Créature du Lac Noir, L'Homme qui rétrécit). Bref, pour Thoret, cette loufoquerie est plus intelligente et plus fine qu'elle n'en a l'air. Le bougre m'a donné envie de remater le film ! La Souris qui rugissait est en tout cas une curiosité qui mérite d'être redécouverte.

Anderton


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