mardi 7 avril 2015

Antonioni (2/6) : des débuts difficiles - VIDEOS

Michelangelo Antonioni CINEBLOGYWOOD

Artistes : A l'occasion de l'exposition et la rétrospective que la Cinémathèque consacre  du 9 avril au 19 juillet à Michelangelo Antonioni, Cineblogywood revient en six posts sur l'immense oeuvre du maestro italien. Aujourd'hui, cinéaste à 40 ans cherche reconnaissance. 



Chronique d'un amour (1950) : Malgré un casting 3 étoiles - Lucia Bose, qui venait d'être élue Miss Italie, et Massimo Girotti, la star italienne de l'époque - la réception du premier film d'Antonioni n'est pas bonne, sauf en France. Double nouveauté pour l'époque : la peinture de la bourgeoise italienne milanaise ; le point de vue introspectif du narrateur. Célèbre pour sa scène clé : la sortie en Maserati. Un film mal reçu en son temps, adulé par Alain Resnais, qui a pris son ampleur au fil du temps.



Les Vaincus (1952) : une commande d'une société de production catholique, sur les problèmes des jeunes – des délits inutiles, Trois lieux (France, Angleterre, Italie). Le film rencontre de graves problèmes avec la censure, et avec le commanditaire. Encore un échec commercial, et toujours pas de reconnaissance critique. Antonioni a alors 40 ans...



La Dame sans camélias (1953) : écrit avec Suso Cecchi d'Amico, future scénariste de Visconti. Le rôle est d'abord proposé à Gina Lollobrigida, puis à une jeune débutante, Sophia Loren. Refus. Rôle finalement tenu par Lucia Bose "trop élégante", aux dires du cinéaste. Comme une version de Sunset Boulevard, made in Cinecitta à la manière d'Antonioni. Nouvel échec commercial.



L'Amour à la ville (1953) : film-enquête à sketches qu'Antonioni accepte de tourner, pour remercier Marco Ferreri qui l'avait aidé à monter financièrement Chronique d'un amour. Aux côtés, entre autres, de Risi, Fellini ou Lattuada. Son thème ? Le suicide. Mais Antonioni reconnaîtra ne pas avoir été à l'aise avec le sujet de son sketch. 



Femmes entre elles (1955) : premier gros succès public et critique pour Antonioni, avec cette adaptation d'un roman de Pavese, un auteur dont il partage le leitmotiv de la solitude. Malheureusement, les conditions de préparation (mésentente entre les deux scénaristes Suso Cecchi d'Amico et Alba de Cespedes) et de tournage ne sont pas idéales. "Si je pouvais, j'en retournerais un tiers", dira le cinéaste. C'est pourtant une oeuvre charnière (lire notre critique) : tout ce qui fera d’Antonioni l’un des maîtres du cinéma européen à partir de sa trilogie L’Avventura - La Nuit - L’Eclipse est déjà à l’œuvre : dissection de la mécanique des sentiments, mise en place d’une géographie de l’intime, mélange d’élégance et de désespoir, peinture sans fard de figures féminines centrifuges. 



Le Cri (1956) : "Le sujet du Cri m'est venu, je ne sais pourquoi, en regardant un mur". On ne saurait mieux décrire ce film qu'à travers les mots du maestro, dont il a commencé le scénario deux ans plus tôt, au moment où il se sépare de sa première épouse, Le Cri est un des films les plus noirs du cinéaste. Premier film au masculin du cinéaste, c'est également son plus gros fiasco commercial. Cause du rejet massif dont il a été l'objet en Italie de la part du public et de la critique ? Son sujet - la dérive d'un ouvrier décrépit et abandonné par la femme qu'il aime, obsédé par elle, dans le cadre hivernal et blafard de la plaine du Pô et qui s'achève de la même manière qu' Allemagne année zéro : par une chute, irrémédiable. Ancêtre des road-movies, interprété par deux acteurs anglo-saxons peu connus du grand public, Steve Cochran et Betsy Blair, Le Cri reçoit un accueil critique triomphal en France, qui redonne confiance à Antonioni.




Travis Bickle

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