lundi 13 avril 2015

Expo Antonioni : tous à la Cinémathèque !


Artistes : Depuis le 9 avril, la Cinémathèque a ouvert grand ses portes sur l'un des cinéastes majeurs du XXe siècle, Michelangelo Antonioni (découvrez notre dossier complet). Expositionrétrospective, conférences, des événements à ne pas manquer pour faire la lumière sur le cinéaste, se défaire des idées reçues qui courent sur son compte, et admirer l'ampleur d'une œuvre qui dépasse de loin le seul cadre du cinéma. Documentation d'une vie acquise par la municipalité de Ferrare, terre natale du maestro. Trois bonnes raisons de venir traîner vos guêtres du côté de Bercy jusqu'au 19 juillet.


Pour la vue panoptique sur son oeuvre
C'est la grande réussite du dispositif mis en place par Dominique Païni, le commissaire de l'exposition : permettre au spectateur, de manière longitudinale, d'embrasser d'un seul regard l'ensemble de son œuvre, à travers une série de panneaux animés reprenant le meilleur de ses films : Monica Vitti dans L'Eclipse et L'Avventura, le final de Zabriskie Point, Jack Nicholson perdu dans le désert... Une longue traversée en forme de déambulation à travers son parcours artistique, ses écrits, ses récompenses, sa correspondance, photos de tournage, projets d'affiche non retenus, entrecoupée de ruches consacrées à chacun de ses films. Avec en ligne de mire les aquarelles du cinéaste, sa série des Montagnes enchantées, entamée en 1985, comme horizon ultime de son expression artistique. Car Antonioni dessinera jusqu'à son dernier souffle – pour preuve, son dernier dessin exposé datant du 19 juillet 2007, dix jours avant son décès.

Pour le dialogue qu'il entretient avec d'autres arts 
Cinéaste inspiré par la photographie et l'architecture, Antonioni s'est toujours inspiré des arts visuels, notamment la peinture. La présence de tableaux signés Chirico, Schnabble, Rothko témoignent de leur influence sur les films du maestro. Qui s'est lui-même inspiré du travail d'un David Bailey pour le personnage incarné par David Hemmings dans Blow Up.

Pour ses pépites 
Extraits de films, affiches, lettres, critiques de ses films, autant de précieux documents extraits du fonds Antonioni, qui comporte plus de 46 000 documents. Chacun ira de sa découverte d'un Antonioni tantôt chaleureux, tantôt analytique. Et sera surpris de la foule d'écrits d'admiration qu'il aura reçus, notamment de ses pairs, Fellini, Kurosawa ou Tarkovski. Pour ma part, je retiendrai deux écrits : l'un, manuscrit, signé Jeanne Moreau, qui témoigne de sa ferveur à la perspective de tourner La Notte, mais dont elle ne connaît ni le scénario, ni les dates de tournage ; l'autre, tapuscrit, signé Alain Delon, qui regrette de devoir décliner la proposition d'Antonioni de jouer dans L'Eclipse, ainsi que celle de Visconti de jouer dans Le Guépard, au profit de l'offre que lui a faite David Lean de prendre part à l'aventure Lawrence d'Arabie. Comme on le sait, le destin en décida heureusement autrement ! Dernière anecdote : repérer parmi les signataires de la pétition de soutien à Antonioni après la tumulteuse projection cannoise de L'Avventura... Alice Sapritch !

Bref, de toutes les expositions proposées par la Cinémathèque depuis cinq ans – Kubrick, Demy, Almodovar, Langlois, et même Truffaut – c'est la plus réussie. En raison de la plasticité des centres d'intérêt d'Antonioni, de la richesse et de la curiosité dont il a toujours su faire preuve à l'égard des autres formes d'expression artistique, du monde qui l'entourait, et des êtres qu'il fréquentait. Splendide !


Travis Bickle

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