mercredi 30 septembre 2015

Les chansons que mes frères m’ont apprises : badlands, good people


En salles : Johnny vit avec sa mère, et sa petite soeur Jashaun, dans la réserve indienne de Pine Ridge, dans le Dakota du sud. Au milieu des badlands, ces terres arides où rien ne pousse, aussi désespérantes que sublimes.


La mère de Johnny picole un peu, et son grand frère est en tôle. Du coup, c’est un peu lui qui doit faire tourner la baraque. Alors il fait des petits trafics, notamment d’alcool, prohibé dans la réserve. Lorsque son père meurt accidentellement, les responsabilités qui pèsent sur les épaules de Johnny deviennent encore plus lourdes. Et son projet de partir à Los Angeles, avec sa meuf est alors remis en question.
 
Tendresse et empathie
 
Le premier film de Chloé Zhao prend parfois des allures de documentaire sur la vie dans les
réserves indiennes d’Amérique du Nord. Pauvreté, alcoolisme, coexistence difficile entre modernité, et respect des traditions... Alors qu’elle pourrait dénoncer, s’insurger, dresser un
réquisitoire implacable contre les Etats-Unis qui laissent dépérir ses "native-americans", Chloé Zhao emprunte une toute autre voie. Celle de la tendresse et de l’empathie.
 
En nous racontant l’histoire de Johnny, elle fait le portrait de toute une galerie de personnages, tous un peu cassés, mais terriblement attachants. Car elle les aime, Chloé Zhao, les habitants de Pine Ridge. Tous, ou presque. Sans occulter leurs fêlures, elle préfère s’attarder sur leurs qualités : la solidarité d’une fratrie composite, ces 18 enfants que le père de Johnny a eu de 9 femmes différentes. La douceur taquine de Johnny envers sa petite sœur. La bienveillance de Jashaun envers Travis, couturier improbable, obsédé par le 7 et tatoué de la tête aux pieds : la courte scène où elle lui rend visite, en prison, est terriblement émouvante.
 
Ces personnages ne sont pas tous fictifs : la plupart des acteurs sont des amateurs, qui jouent leur propre rôle. Sous l’œil de Chloé Zhao, ils apparaissent comme ce qu’ils sont sans doute : des gens qui ne vont pas forcément très bien, mais qui sont des gens biens.
 
Les chansons que mes frères m’ont apprises est un film réalisé par une femme, et ça se sent. Une généralité ? Peut-être. Quoi qu’il en soit, la tendresse et l’empathie qui se dégagent du film en font sa force. C’est l’une des grandes réussites de ce mois de septembre.
 
Fred Fenster

 

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