lundi 21 décembre 2015

The Big Short : the big surprise

En salles : Casting de luxe, sujet trendy et adulte, narration chorale menée tambour battant, réalisation au service du sujet, The Big Short : L'Arnaque du siècle est LA surprise de fin d’année en provenance des Etats-Unis. Comme si Les Hommes du Président avait été signé par les frères Coen.



Margin call avec l’esprit des Coen
 
Inspiré du livre-enquête éponyme de Michael Lewis, le film raconte comment quelques investisseurs ont anticipé la crise des subprimes de 2007. Une sorte de Margin Call revu avec l’esprit des frères Coen. Aux commandes, Adam McKay. Autant dire qu’on ne l’attendait pas du tout sur le terrain du film-dossier, vu ses précédents faits d’armes : des comédies produite par Judd Apatow avec Will Ferrell, passées inaperçues ici (Ron Burgundy, Frangins malgré eux). Là, il frappe fort, avec un scénario et une histoire en béton, signée Michael Lewis. C’est la troisième fois qu’un de ses livres inspire le cinéma, après Blind Side et surtout Le Stratège, de Bennett Miller, d’heureuse mémoire. Et déjà interprétée et produite, comme ici, par la société de Brad Pitt, PlanB.
 
Casting quatre étoiles
 
Car pour rendre sympathiques ces zigottos mi-visionnaires, mi-escrocs, le film rassemble un casting king size. Christian Bale, Brad Pitt, Ryan Gosling, Steve Carell dans le même film ? Waouh... Mais attention, mesdames : pas question ici pour eux de valoriser leur sex appeal. On est très loin de Ocean’s eleven. Moumoutes et lunettes cerclées pour les uns, moustaches et barbes pour les autres, ils sont souvent méconnaissables. Entre le geek limite autiste, atteint d’un léger strabisme, fan de metall, incarné par Christian Bale, le trader blingbling arrogant joué par Ryan Gosling, le gourou à l’ubiquité internationale interprété par Brad Pitt, et le financier aux affres existentielles à la Woody Allen joué par Steve Carell, le réalisateur dresse une galerie de portraits réjouissante. Sans pour autant verser dans la caricature ou la condescendance. Non : êtres également doués de raison, sont évoqués leurs doutes, et leurs craintes, face à l’inéluctabilité de la catastrophe. A quoi s’ajoutent des personnages secondaires, tout aussi bien dessinés, témoins ou victimes de la catastrophe à venir.
 
Fintech for the dummies
 
Autant ne pas se le cacher : le spectateur se perd par moments, face à la complexité du sujet ou des arcanes financières. CDO, ABS, hedge funds,  Lehman Brothers, un vrai cours accéléré de finance pour les nuls ! C’est l’idée de génie du scénariste que d’avoir aéré sa réalisation. Filmée comme un documentaire, avec des apartés face caméra, des images comme prises sur le vif, la réalisation est constamment inventive et pédagogique – un exploit ! A quoi s’ajoute un sens du dialogue percutant, qui fait mouche. De quoi ravir initiés et non-initiés, dans un Hollywood dont on pouvait craindre qu’il ne puisse plus produire de tels films, inventifs, denses, sérieux et dévastateurs.
 
Travis Bickle
 
 


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