mardi 11 juillet 2017

Spider-Man Homecoming : jolie toile mais un peu trop facile

En salles : Spider-Man Homecoming est l’aboutissement de l’accord entre deux géants (Disney/Marvel et Sony/Columbia), pour permettre à leurs personnages de se retrouver dans un même film. Le résultat ? Une gentille réussite ternie par un conformisme de plus en plus décourageant.


Beaucoup de choses fonctionnent dans ce Homecoming. D’abord la greffe de Spidey dans le MCU (l’univers cinématique Marvel) prend parfaitement. Largement initiée dans Civil War, Spider-Man et ses acolytes sont parfaitement à leur aise dans cette maison qu’ils n’auraient jamais dû quitter. Les scènes avec le patron Robert Downey Jr font mouche. Le gouffre qui sépare ce héros "du bas" qui tente vainement d’intégrer les hautes sphères permet un début de film particulièrement réussi et 100% Marvel.

L’autre réussite du film, c’est son héros et ses camarades. Le terme camarade convient ici puisque l’on est cette fois résolument dans une version juvénile du personnage qui rappellera celle des comics Ultimates publiés ces 15 dernières années. Peter a 15 ans, il est brillant mais maladroit, amoureux transi... On est dans le cliché du film ado mais la partition sonne juste, est souvent drôle, parfaitement servi par son acteur, Tom Holland, mais également par son maladroit camarade, Ned (Jacob Batalon), absolument irrésistible dans la totalité de ses scènes.
 
Appréciable mais...

Alors pourquoi bouder son plaisir ? Parce qu’encore une fois, Marvel nous livre un film qui manque cruellement d’âme, de caractère, de surprises... Les productions du géant rouge ont atteint un tel niveau de conformisme, que l’on se dit qu’un bon algorithme serait capable de délivrer un scénario équivalent. Cette impression que le nombre de blagues, le nombre de guests, le nombre de scènes d’action sont décidés à l’avance et qu’une armée de scénaristes raccrochent les wagons tant bien que mal. On passera sur les incohérences ou les incroyables facilités qui permettent à des ouvriers en bâtiment de devenir des fabricants d’armes de haute technologie sans même avoir besoin d’une formation à Pôle Emploi.
 
Ce qui est impardonnable, c’est que le film avait tout pour délivrer quelque chose de plus complexe. Les motivations du méchant, interprété par le toujours charismatique Michael Keaton, sont balayées en deux lignes. Pourtant cette vision des gens d’en bas dont la vie se retrouve balayée par ceux d’en haut aurait pu offrir une meilleure complexité et surtout un méchant bien plus intéressant. Mais ici l’aspect politique du film est balayé le plus rapidement possible pour revenir vers ce bon vieux manichéisme qui ne dérangera personne.

Ce Spider-Man Homecoming n’est pas une catastrophe. C’est même un film très appréciable qui parvient à nous réconcilier avec ce héros tellement maltraité par le passé. Mais Marvel n’a plus rien à prouver. Elle pourrait se permettre de prendre un peu plus de risques, surtout dans la période infiniment politisée que nous vivons. Kevin Feige pourrait se permettre de lâcher un peu de lest à ses auteurs. Parce qu’à force de tendre la toile, elle finira par se briser.
 
L'Oncle Owen

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